REPORTAGE EN DIRECT DU HELLFEST 2016
par OLIVIER CARLE

11ème anniversaire de notre festival préféré et 8ème édition pour ce qui me concerne ! Cette année, la météo s'annonce nettement moins favorable que l'année précédente avec dans les prévisions de la pluie et des orages à gogo, mais finalement il n'en sera rien si ce n'est quelques averses le vendredi mais sans grande conséquence...

La nouveauté principale de cette édition, c'est la refonte totale de la « Warzone » et il faut bien avouer qu'une fois de plus Ben Barbaud a bien fait les choses avec son équipe puisque cette scène est maintenant beaucoup plus accessible, et avec un terrain en pente, ce qui permet à tout un chacun de bien voir les artistes. Les restos et bars sont sur une grande plate-forme bien agencée avec la désormais célèbre statue de Lemmy qui trône au milieu !

Pour le reste, on retrouve ce qui fait le charme du Hellfest, à savoir des décors pharaonesques et superbes, une ambiance nocturne pleine de flammes et de feux de bois bienvenus, un public souvent déguisé et parfois titubant, une organisation millimétrée (pas un retard à déplorer si ce n'est le déplacement du concert de Trémonti du matin au soir même !), un service d'ordre très occupé par les slammers et néanmoins courtois, une zone VIP toujours agréable pour se reposer quelques instants et papoter avec les amis... Bref, toujours un grand moment de l'année musicale !

Je commence la journée de vendredi par les classiques Nashville Pussy sur la “Mainstage 2”. Fidèles à eux-mêmes, Blaine Cartwright, Ruyter Suys et leurs deux acolytes de la section rythmique délivrent un hard rock certes ultra simple mais très efficace. Les fans sont venus nombreux malgré l'horaire, il n'est que 13h00 et les festivaliers commencent lentement à rejoindre les différentes scènes du festival. En 40 petites minutes, Nashville Pussy a réussi son coup et tous ces messieurs voient partir à regret les très sexy Bonnie et Ruyter. Mais ce n'est qu'un au revoir car le groupe tourne beaucoup en nos contrées !

Je découvre maintenant cette magnifiquement relookée « Warzone » pour All Pigs Must Die. Composé de membres de Converge, The Hope Conspiracy et Bloodhorse, on ne peut pas dire que le groupe fasse dans la dentelle ! Comparé à Nashville Pussy, celui-ci est dans le brutal et propose un mélange savant de hardcore et de crust. Je dois avouer que ce ne sont pas mes genres préférés mais l'énergie développée par APMD a de quoi impressionner... Le travail du batteur Ben Koller est à ce titre tout à fait phénoménal car le rythme du groupe est extrêmement intense, et quand on pense que Ben sera de nouveau sur la même scène quelques heures plus tard avec Converge, on ne peut qu'être admiratif !

Retour à la “Mainstage 2” pour la joyeuse troupe du Bal Des Enragés. On les aurait plus vus sur la « Warzone », comme les Toy Dolls par exemple, mais la présence de Stéphane Buriez (Loudblast) dans la bande a dû jouer en leur faveur pour jouer devant plus de monde ! Tant mieux car cela a permis à un plus grand public de découvrir ces musiciens issus de Tagada Jones, Lofofora, Black Bomb A, Parabellum... dans leur show déjanté composé exclusivement de reprises punk, métal, hard rock comme "Antisocial" de Trust, "Killing In The Name" de RATM, "Smells Like Teen Spirit" de Nirvana, "Ace Of Spades" de la bande à Lemmy ou encore "Rock And Roll" de Led Zep. Sans compter leur traditionnel hommage à Schultz de Parabellum via "Cayenne" qui obtient toujours un franc succès ! Grosse ambiance dans le « pit » en tous cas pour ce « tribute band » fort sympathique !

Bien que les ayant vus le week-end d'avant au Download, je ne voulais pas rater Mass Hysteria sur la “MS 2”... Un concert de la bande à Mouss c'est toujours un événement et ce troisième passage au Hellfest ne fera pas exception ! Ayant déjà beaucoup aimé leur passage à Clisson en 2010, j'avais été très impressionné par celui de 2013 et je les ai revus depuis à chaque fois que l'occasion s'est présentée. Le groupe avait promis de faire plus fort que le Wall Of Death de Dagoba de 2014 et on ne saura jamais s'ils ont vraiment réussi ce pari fou même si le leur paraissait fort impressionnant ! Comme au Download, le groupe se lance un défi, celui de lancer un “Circle Pit” tout autour de Mouss et des 2 guitaristes descendus dans la fosse aux lions... Le seul problème c'est qu'au Hellfest, devant Mass Hysteria, il y a beaucoup de monde, beaucoup plus qu'au Download, et du coup tout le monde veut s'approcher d'eux et cela génère des bousculades, des chutes et quelques piétinements malgré l'intervention de quelques courageux qui s'interposent pour éviter un drame. Au final j'ai vu quelques personnes quitter le “pit” en boitant, voire sur une civière... Je pense que ce genre de festivité n'est guère adapté à un festival de cette ampleur surtout avec des très jeunes dans les premiers rangs et que le groupe aurait dû s'en passer ! Malgré tout, le show de Mass Hysteria a remporté un énorme succès grâce à des morceaux sublimes comme "L'enfer Des Dieux", "Vector Equilibrium", "Plus Que Du Métal" et bien sûr l'incontournable "Furia". Dommage que cette descente dans la foule nous ait privés du génial "Contraddiction" pourtant présent au Download une semaine plus tôt !

Autre groupe fort impressionnant il y a peu au Download, Anthrax s'empare maintenant de la “MS 1”. Pour le coup, pas de surprise, la set-liste est exactement la même : "You Gotta Believe", "Caught in a Mosh", la géniale reprise de Joe Jackson "Got the Time", "Fight 'Em 'Til You Can't", "Evil Twin", l'incontournable "Antisocial" de qui vous savez pour la 2ème fois de la journée (après Le Bal Des Enragés) comme le fera judicieusement remarquer le toujours très bronzé (aux U.V.) Joey Belladonna, "Breathing Lightning" et "Indians". Rien à redire, la set-liste est carrée, le groupe est en grande forme autour de Scott Ian et de Charlie Benante, Anthrax reste une valeur sûre des festivals... Il est d'ailleurs intéressant de constater que le Hellfest a réussi à réunir cette année les 3/4 du Big Four : Anthrax, Megadeth et Slayer. Ne manque à l'appel que Metallica mais il se murmure que ceux-ci seront là l'année prochaine... Wait and see !

N'ayant jamais accroché à Turbonegro, je me dirige vers la Valley pour voir Earth. Le groupe de Seattle pratique un genre musical nommé "drone", "sorte de ramification barrée du doom metal où pullulent les bourdonnements et les structures minimalistes et répétitives" comme ils disent dans le programme ! Etant fan de doom et vu qu'on m'avait dit le plus grand bien de ce groupe culte, j'y allais plein d'entrain mais hélas j'ai vite déchanté... Pour tout dire je me suis carrément ennuyé tout comme pour les Melvins qui font leur grand retour et qui ont paraît-il été une influence majeure pour Earth, ceci explique sans doute cela...

Repli stratégique vers l'Altar pour revoir Sacred Reich que j'aime beaucoup. Je les avais vus en 1989 au Zénith avec Motörhead puis au Hellfest en 2009 et 2012 et chaque fois j'avais été bluffé par leur thrash d'une efficacité redoutable. Set-liste en béton comme toujours, qui attaque avec le puissant "The American Way" et se termine par "Surf Nicaragua" en passant par "Death Squad", le sublime "Who's To Blame", l'efficace "Independent" et une reprise bien heavy de "War Pigs" de Sabbath ! Le groupe mené par le sympathique Phil Rind ne donne plus que quelques concerts par an notamment dans les festivals d'été et c'est fort dommage car on aimerait bien les redécouvrir en tête d'affiche avec une set-liste plus touffue... Un des meilleurs concerts de la journée du vendredi sans aucun doute !

Mais le concert le plus important de la journée, pour moi en tous cas, reste à venir. Non non il ne s'agit pas des très pénibles Volbeat avec leur bouillie rock'n'roll pseudo métallique indigeste mais bien du plus grand groupe français de tous les temps, et je pèse mes mots : Magma ! J'avais été surpris d'apprendre que mes chouchous passaient au Hellfest mais je trouvais ça plutôt couillu de les programmer au milieu des représentants du stoner et du doom sur la Valley ! Finalement le groupe de Christian Vander y avait toute sa place... D'ailleurs n'est-il pas le précurseur de Sunn O))) ? Articulant son set autour de 2 morceaux phare de sa carrière d'environ 1/2 heure chacun : Theusz Hamtaahk et Mekanïk Destruktïw Kommandöh, le groupe génère chez le public présent un mélange d'admiration, de profond respect et de bonheur communicatif ! J'ai même vu des fans au premier rang qui connaissaient les textes par cœur et pourtant Dieu sait que le kobaïen n'est pas langue facile ! Pour mon onzième concert du groupe depuis 1978, je n'ai pas été déçu et cela restera un des plus beaux moments de ce Hellfest 2016...

Ne voulant pas avoir le même problème qu'au Download, à savoir voir le concert sur les écrans et les musiciens de la taille d'une fourmi, je me hâte ensuite vers la “MS 1” pour Rammstein. Peine perdue, il y a déjà près de 60.000 personnes qui se pressent depuis un bon moment pour ne rien manquer du show sans conteste le plus visuel et spectaculaire de cette édition ! Je vais donc voir le spectacle à peu près à la même distance qu'au Download à la seule différence que là tous les bourrins se sont passés le mot et ça bouscule à tout va sans aucune honte... J'ignore d'où sortent tous les zozos qui sont venus ce vendredi soir au Hellfest mais ce n'est franchement pas la crème. La set-liste est exactement la même que 5 jours plus tôt à Paris si ce n'est que la bande à Till avait ajouté opportunément le titre "Frühling In Paris" dans la capitale mais bon... Un véritable Best Of : "Du Hast", "Mein Herz Brennt", "Keine Lust", la géniale reprise de Depeche Mode "Stripped", le "Amerika" de circonstance... et le final sublime sur "Engel" avec l'envolée de Till et ses ailes de feu. D'ailleurs en matière d'effets pyrotechniques on a été servi comme toujours, et que dire du son d'enfer parfait de ce concert et des magnifiques éclairages qui mettent définitivement en valeur le style unique des Allemands ? Rammstein propose certainement le show métal le plus abouti qu'on puisse voir en 2016 et je ne vois personne qui puisse rivaliser avec eux...

Je file ensuite à l'Altar pour voir la fin de Testament et là nouvelle claque ! Le groupe de Chuck Billy est dans une forme olympique et même si je n'ai vu que "The Formation Of Damnation" je dois dire que ces 5 dernières minutes ont été plus qu'intenses. C'était la première fois que je les voyais live car j'avais fait l'impasse au Hellfest 2013 et je n'ai qu'une hâte, c'est d'aller revoir ces légendes du thrash à leur prochain passage.

Un dernier détour au Temple pour Abbath avant de rentrer fourbu mais je n'ai tenu que 5 minutes tellement c'est ennuyeux...

Réveil "de bonne heure" ce samedi pour ne pas rater Loudness sur la “MS 1” à l'heure de l'apéro ! Je n'avais pas revu les hard rockers nippons depuis leur Lightning Strikes Tour il y a précisément 30 ans en première partie de Saxon au Zénith... Set-liste malheureusement très courte du fait que les Japonais n'ont qu'une petite demi-heure pour faire monter la pression : 6 titres dont les incontournables "Crazy Night", "In The Mirror" et "S.D.I.". La formation est quasiment celle d'origine puisque Minoru Niihara au chant, Masayoshi Yamashita à la basse et l'excellent Akira Takasaki répondent toujours présents depuis les débuts du groupe en 1981. Seul le batteur fondateur Munetaka Higushi manque à l'appel, puisque décédé en 2008 et remplacé depuis par le très efficace Masayuki Suzuki. Beaucoup de monde s'est déplacé pour voir cette légende du hard qu'est Loudness et le groupe remporte un véritable triomphe. Espérons que le groupe reviendra par chez nous plus souvent car c'est un bonheur de réentendre les classiques des années 80 : "Disillusion", "Lighning Strikes" ou "Thunder In The East" !

Petit détour par la Valley pour découvrir le stoner de Crobot mais bof bof, beaucoup de bruit pour pas grand chose...

La journée de samedi au Hellfest est souvent synonyme de pas mal de classic rock, ce qui n'est pas pour me déplaire, et celle ci ne fait pas exception puisque Glenn Hughes est maintenant sur la “MS 1”. L'ex-chanteur de Trapeze, Deep Purple, Black Sabbath, Black Country Communion et ainsi de suite se présente en trio avec un « guitar hero », Soren Andersen, et le batteur Pontus Engborg. Pas facile de revenir sur plus de 40 ans de carrière en 40 minutes et Glenn choisit de concentrer 50% de sa prestation au groupe qui l'a rendu célèbre à savoir Deep Purple avec "Stormbringer" qui débute le set de façon très énergique puis "Mistreated" qui lui donne l'occasion de revendiquer une fois de plus son surnom de "Voice of Rock" et enfin "Burn" qui fait toujours un triomphe ! On aura droit aussi au classique "Soul Mover" issu de sa carrière solo qui rappelle à ceux qui l'aurait oublié que Hughes n'est pas seulement un rocker mais aussi un chanteur très groovy, à "Muscle And Blood", une petite pépite bien heavy de la période Hughes/Thrall, et à "Black Country", histoire de rappeler que l'aventure Black Country Communion est loin d'être finie puisque le groupe renaîtra cette année... Un vrai bonheur de retrouver Glenn au sommet de sa forme physique et vocale après toutes ces années d'abus divers et variés. On se réjouit d'avance de retourner le voir en solo en décembre au Forum Vauréal et bientôt avec BCC !

Re-petit détour par la Valley pour Mantar. Ce duo de sludge venu d'Allemagne déploie une énergie assez étonnante mais comme pour Crobot je ne suis pas rentré du tout dans leur univers...

A l'inverse, bien que n'étant pas un inconditionnel de Mötley Crüe, je me suis pris une bonne grosse claque avec Sixx:A.M. sur la “MS 1” ! Le groupe formé par Nikki Sixx qu'on ne présente plus, DJ Ashba (Guns'n'Roses) et James Michael est venu présenter son nouvel album "Prayers For The Damned" et a fait un véritable carton plein en seulement 8 titres dont 4 du dernier opus devant une foule en délire ! Pour leur premier passage en France, les Américains ont fait forte impression notamment avec le titre "Stars" et un solo incendiaire de Ashba qui a mis tout le monde d'accord... Même si Mötley Crüe a tiré sa révérence, il y a fort à parier que l'on n'a pas fini d'entendre parler de Nikki Sixx et ses acolytes de Sixx:A.M. !

Toujours enclin à découvrir des choses nouvelles, je décide de retourner une nouvelle fois à la Valley pour Torche. Là encore la mayonnaise ne prend pas pour ce qui me concerne et ce mélange de rythmiques lourdingues et de refrains popisants me laisse de marbre.

Direction l'Altar donc pour une autre découverte mais réussie celle-là avec Agoraphobic Nosebleed. Avec seulement 5 concerts à son actif, ce groupe américain étrange qui pratique le Cyber Grindcore (sic) existe pourtant depuis 1994. Evénement donc que leur venue à Clisson. Autour du guitariste Scott Hull, un chanteur et une chanteuse impressionnante de sauvagerie gutturale, pas de batteur mais une boîte à rythmes, et un bassiste nous proposent 20 titres joués tambour battant en moins de 50 minutes, un record. N'étant pas un adepte en général des groupes passant à l'Altar je dois avouer que là je suis resté, impressionné par tant d'énergie et de créativité déployées... Je n'écouterais pas ça trop longtemps chez moi mais sur scène ça envoie grave, une tuerie sonore !

Bon évidemment enchaîner sur Foreigner, cela crée un choc culturel... Le groupe américain, habitué aux ballades sirupeuses genre "Waiting For A Girl Like You" ou "I Want To Know What Love Is" se devait de nous proposer une set-liste un peu plus "musclée" ! Chose fut faite avec les classiques "Double Vision", "Head Games", "Cold As Ice", "Juke Box Hero" et le heavy "Hot Blooded". Autour de Mick Jones, seul membre rescapé de la formation originale en 1976 (40 ans déjà !) et qui passe allègrement de la guitare aux claviers, on retrouve le célèbre Jeff Pilson (ex-Dokken) à la basse, Thom Gimbel aux guitares, qui nous délivrera également un somptueux solo de saxophone, Chris Frazier à la batterie, Michael Bluestein aux claviers ô combien importants chez Foreigner, et enfin l'incontournable Kelly Hansen au chant, qui a repris le flambeau à Lou Gramm depuis une dizaine d'années et qui s'est approprié le répertoire de l'"Etranger" d'une remarquable manière. En voyant le groupe sur scène je n'ai pu m'empêcher de repenser à mon premier concert de Foreigner en tête d'affiche du festival Rock '81 à Annecy aux côtés de Rose Tattoo, Kansas, 38 Special avec une certaine nostalgie ! Qui aurait pu croire à l'époque que les Américains triompheraient dans un festival de métal 35 ans plus tard ?

Etant très amateur de doom, je me devais ensuite de joindre la Valley pour With The Dead. Fondé par Lee Dorian (ex-Napalm Death et Cathedral), rejoint pour l'occasion par des ex-membres de Cathedral, Electric Wizard, Bolt Thrower... ce nouveau "super-groupe" rejoue l'intégralité de son album éponyme devant un public clairsemé mais néanmoins conquis. Rien de bien nouveau sous le soleil mais ça fait plaisir de retrouver Lee après l'arrêt de Cathedral qui avait frustré tous ses fans.
A redécouvrir d'urgence dans une salle comme le Divan Du Monde, là où j'ai vu le dernier concert parisien de Cathedral
en 2010 !

Un petit tour par la “MS 1” pour Joe Satriani mais bon je trouve que ce genre instrumental, joué certes de main de maître par l'un des « guitar heroes » les plus emblématiques, passe mal en festival et est très vite ennuyeux...

Je décide donc d'aller faire un petit tour au Metal Market du Hellfest et je rate par la même occasion Disturbed et son métal alternatif que je connais peu sur la “MS 2”. Mal m'en a pris car il paraît que c'était très bien et que Glenn Hughes et Sixx:A.M. les ont rejoints sur scène... Comme quoi les absents ont toujours tort !

N'étant pas fan du métal symphonique avec voix féminine à la Nightwish, je fais aussi l'impasse sur Within Temptation et décide d'aller voir les très attendus Hermano à la Valley. Ce sera mon gros coup de cœur de la journée. Je n'avais jamais vu sur scène le stoner des Américains menés par un John Garcia en grande forme et je dois dire que j'ai ressenti la même émotion qu'en découvrant pour la première fois Brant Bjork sur la même scène il y a quelques années... Sans nouvel album sous le bras, le groupe a pioché dans ses 3 opus disponibles à ce jour pour nous délivrer des versions incandescentes de "The Bottle", "Senor Moreno's Plan", "Kentucky", "Left Side Bleeding", "5 To 5"... et même un nouveau morceau à paraître prochainement qui augure du meilleur ! Après Magma la veille et toujours à la Valley, ce set de Hermano sera donc un grand moment ce Hellfest 2016 ! A croire que les ex de Kyuss donnent toujours le meilleur d'eux même à Clisson...

Afin de ne pas avoir les mêmes déconvenues que la veille pour Rammstein, je rejoins les “Mainstages” pour être au plus près de Twisted Sister, les héros de la soirée. J'arrive donc en cours du set de Bring Me The Horizon que je connais à peine car le groupe s'adresse plutôt à un public ado à l'instar de Asking Alexandria ou We Came As Romans. Je m'attendais à m'ennuyer ferme et pourtant j'ai trouvé que le groupe avait des compositions plutôt sympathiques et très accrocheuses comme "Throne" ou "Drown" qui déclenchent l'hystérie devant la “MS 2” !

La tête d'affiche du samedi soir marquait donc les adieux de la bande à Dee Snider puisque le groupe jette l'éponge suite au décès récent de son batteur A.J. Pero. C'est à Mike Portnoy que revient la lourde responsabilité de tenir les baguettes pour cette ultime tournée baptisée Forty And Fuck It mais on sait que le bougre a largement les épaules pour assumer ce rôle d'autant qu'il a été adoubé à ce poste par A.J. lui-même... La set-liste de ce concert d'adieu mémorable est tout bonnement idéale : "What You Don’t Know (Sure Can Hurt You)", "The Kids Are Back", "Burn in Hell", "Destroyer", "You Can’t Stop Rock ‘n’ Roll", "The Fire Still Burns", "We’re Not Gonna Take It", "The Price" en hommage à A.J., "I Believe in Rock ‘n’ Roll", "I Wanna Rock". Puis vient la surprise du concert avec la venue sur scène de Phil Campbell, le guitariste de Motörhead, pour épauler Jay Jay French sur "Shoot ‘Em Down" et "Born to Raise Hell", une reprise de la bande à Lemmy jouée en son hommage ! Le groupe clôture le concert avec un ultime "S.M.F." qui sera bel et bien le tout dernier morceau joué par Twisted Sister dans l'hexagone... Le logo de TS s'enflamme alors de mille feux en fond de scène et on verse une petite larme car c'était un groupe qui comptait et qui sera toujours dans le cœur des « headbangers » et sur leurs vestes patchées. On pourra juste regretter un son un peu léger pour les guitares tout au long du concert et une mise en scène un peu sage pour une tournée d'adieu mais le feu d'artifice à venir sera à la hauteur de l’événement et surtout de l'hommage rendu à Lemmy...

En effet Ben Barbaud, comme l'année dernière pour les 10 ans du festival, a décidé d'offrir aux festivaliers un superbe spectacle pyrotechnique pour le leader de Motörhead récemment disparu. C'est la raison de la présence de Phil Campbell qui nous gratifiera d'un discours très émouvant en l'honneur de son ami ! On aura aussi droit sur les écrans aux 20 dernières minutes du dernier concert de Motörhead en France enregistré un an auparavant sur la scène où TS vient juste de se produire... Beaucoup d'émotion donc en ce samedi soir à Clisson !

Difficile ensuite d'enchaîner avec le show de Korn sur la “MS 2”. Pourtant comme au Download la semaine précédente, le groupe de Jonathan Davis attaque très fort avec "Right Now" suivi d'un déferlement de titres tous plus puissants les uns que les autres. Une telle débauche d'énergie est vite épuisante et je décide d'aller voir la surprise du week-end à savoir la diffusion du film Gutterdämmerung à la Warzone avec la présence exceptionnelle d'Henry Rollins ! Le film intègre les plus grands titres de l'histoire du hard et du métal et on y retrouve Iggy en ange, Lemmy, Slash, Tom Araya... et Rollins en prêtre déjanté ! Pour l'occasion il joue donc ce rôle à la fois sur l'écran et sur la scène de la Warzone pendant que le backing band joue en live les classiques du rock ! Concept étonnant donc mais pas inintéressant même si tout cela ressemble plus à un clip de longue durée avec des stars et de la bonne musique dedans...

La fatigue se faisant cruellement sentir, je quitte la Warzone pour la Temple afin de capter quelques instants de Dark Funeral. Les black métalleux suédois attirent visiblement la foule en cette heure tardive et c'est mérité car les mélodies sont hyper travaillées et le son archi bon même s'il faut s'habituer au chant du nouveau vocaliste Heljarmadr ! Après 2-3 morceaux, je décide de rentrer car la journée de dimanche sera encore riche en émotions...

Je tenais absolument à arriver vers 13h30 ce dernier jour de Hellfest car on m'avait dit le plus grand bien de Vintage Trouble. Inhabituel de voir sur la “MS 1” un groupe de rhythm & blues/soul/rock comme celui là ! Mais il faut bien avouer que la mayonnaise a tout de suite pris grâce à l'énergie déployée par ce groupe de Los Angeles, le charisme et le talent du chanteur Ty Taylor et la volonté du public de s'éclater sur autre chose que du métal pur et dur à l'heure de l'apéro... Résultat : 40 minutes de bonheur musical complet, un vrai show à la James Brown, des musiciens heureux de se produire devant ce public inattendu ! A tel point que Ty Taylor ira même jusqu'à nous gratifier d'une sympathique brasse, porté par des centaines de festivaliers qui ne boudent pas leur plaisir... La très bonne surprise de la journée sans aucun doute !

Petit détour par Altar pour découvrir The Skull. En tant que fan de Trouble, je me devais de voir le groupe formé par le chanteur Eric Wagner et le bassiste Ron Holzner après leur départ de cette légende du doom. Très influencé par le Sabbath des débuts, The Skull déverse un heavy metal très empreint de psychédélisme devant un public certes clairsemé mais néanmoins conquis par le talent certain des musiciens américains. Mention spéciale à la reprise épique de Trouble : "At The End Of My Daze", extraite de l'album éponyme de 1990 !

Retour à la “MS 1” pour le passage très attendu des vétérans de No One Is Innocent ! Après les avoir vus 2 fois au festival Foud'Rock en 2014, j'avais hâte de les revoir sur une très grande scène comme celle du Hellfest... Public nombreux pour venir soutenir la bande à Kemar. Le groupe a concocté une set-liste aux petits oignons : "Nomenklatura", "Silencio", "Charlie", "Djihad Propaganda", "Johnny Rotten", "La Peau", "(We Are) The Roadcrew" en hommage à Motörhead et "Chile". On pourra juste regretter l'absence de brûlots de l'album "Revolution.com" comme "US Festival" ou le titre éponyme qui sont mes préférés, mais bon on ne peut pas tout avoir en 40 minutes ! Pas de “Wall Of Death” ou de “Circle Pit” ici, No One Is Innocent va à l'essentiel et percute de plein fouet le public à coups de riffs acérés. Après Mass Hysteria vendredi, on ne peut que se réjouir que la scène métal française soit aussi bien représentée et appréciée au Hellfest 2016 !

Je zappe la pénible Tarja et les bruyants (pour pas grand chose) Gojira pour aller à la Valley découvrir Kadavar qu'on m'a chaudement recommandé. Ces Berlinois pratiquent un stoner de haute tenue dans la lignée de Sabbath ou de Hawkwind et je dois dire que je n'ai pas été déçu ! Devant une Valley admirative, le trio a pioché les meilleurs titres extraits de ses 3 albums studio sortis à ce jour... Le morceau le plus impressionnant est sans aucun doute "Lord Of The Sky", extrait de leur dernier album "Berlin" qui a mis tout le monde d'accord... Kadavar a triomphé une nouvelle fois au Hellfest !

Les choses vraiment sérieuses commencent maintenant sur la “MS 1” avec Slayer. Je les avais déjà vus au Hellfest en 2014 et 2010 et j'avais alors été très fortement impressionnés par leur puissance scénique qui surclasse beaucoup d'autres groupes de thrash. J'avoue avoir été un peu déçu sur ce troisième rendez-vous à Clisson, peut-être parce que Tom, Kerry, Gary et Paul vieillissent chaque année un peu plus (comme nous tous !) mais ces titans du Big 4 demeurent quand même une redoutable machine de guerre ! Set-liste toujours savamment choisie dont on retiendra surtout le trio gagnant qui la clôture : "Dead Skin Mask", "Raining Blood" et bien sûr "Angel Of Death". Une véritable apothéose métallique qui laissera les fans sur les genoux...

Passage obligé par la Valley pour voir Rival Sons puisqu'il paraît qu'ils sont le futur du rock'n'roll ! Les descendants de Led Zeppelin et de Deep Purple en quelque sorte... Et bien franchement si c'est le cas je préfère retourner 40 ans en arrière parce que là comme pour The Treatment ou The Answer je préfère m'abstenir...

C'est maintenant Megadeth qui s'empare de la “MS 1” pour un set au moins aussi bon que la semaine auparavant au Download ! Là encore la set-liste du groupe est haute en couleurs : "Hangar 18", "The Threat Is Real", "Tornado of Souls" dédié à Nick Mensa récemment décédé, "She-Wolf", "Post American World", "Sweating Bullets", "Poisonous Shadows", "Trust", "Dystopia", "A Tout Le Monde", "Fatal Illusion" et les incontournables "Symphony Of Destruction", "Peace Sells" et "Holy Wars... The Punishment Due" ! On ne pouvait rêver mieux même si on avait eu à peu près les mêmes titres à Paris. Kiko Loureiro et Chris Adler se sont bien intégrés dans le groupe et c'est un vrai plaisir de voir Dave Ellefson aussi heureux d'avoir réintégré la formation il y a 6 ans. Megadeth est de retour et il faudra compter avec eux dans l'avenir...

Autre groupe que j'avais beaucoup apprécié au Download, c'est Jane's Addiction qui joue maintenant à la Valley. La formation de Perry Farrell et Dave Navarro a misé sur une set-liste légèrement différente de celle du Download 1 semaine auparavant : "Stop!", "No One's Leaving", "Ain't No Right", "Three Days", "Just Because", "Been Caught Stealing", "Mountain Song", "Ted, Just Admit It..." et le sublime "Jane Says". Hormis Eric Avery parti vers d'autres horizons et remplacé par Chris Chaney, les 3 autres musiciens sont bien les membres fondateurs du groupe culte de Los Angeles. La voix de Perry Farrell est toujours aussi particulière et envoûtante. Le guitariste Dave Navarro en fait toujours des tonnes et ne peut s'empêcher de montrer ses "barres de chocolat" dès le second morceau mais il faut bien reconnaître que le bougre assure ! Là où on peut émettre des doutes c'est pour la venue tout au long du show de demoiselles fort déshabillées qui dansent de façon au mieux lascive, au pire d'une vulgarité pas très classe pour un groupe qui se veut "arty" ! Mais le pompon ce sont les 2 pauvres créatures qu'on va suspendre par la peau du dos et balancer au dessus du public ébahi. Je suppose qu'on peut parler de "performance" pour ces suspensions mais cela m'a fait plutôt penser à des fantasmes d'ados boutonneux empreints de machisme pas forcément du meilleur goût ! La musique aurait dû et pu se suffire à elle-même mais ce n'est que mon avis...

Direction maintenant la “MS 1” pour la dernière messe noire du grand Black Sabbath en France. Je me positionne au plus près de la scène pour ne pas rater une miette du show de Iommi & Co... Ghost est en train de finir son grand barnum, et même si je déteste viscéralement la musique de ce groupe surfait, je dois admettre que le dernier morceau qu'ils jouent n'est pas dénué d'un certain charme avec un chœur d'enfants très agréable avant la déferlante Sabbath ! Mais venons en aux choses sérieuses, le Sabbat Noir nous a concocté une set-liste de la mort pour ses adieux à l'hexagone : "Black Sabbath", "Fairies Wear Boots", "After Forever", "Into the Void", "Snowblind", "War Pigs", "Behind the Wall of Sleep", "N.I.B.", "Rat Salad + solo de batterie", "Iron Man", l'inattendu "Dirty Women", "Children of the Grave" et l'incontournable "Paranoid" en rappel. Bref que du bon ! Un groupe au mieux de sa forme avec un Ozzy qui chante presque toujours juste, évite les "coucous" et les "I can't fuckin' hear you", un Iommi qui joue toujours comme un Dieu, un Geezer qui fait vrombir sa basse comme un damné et un Tommy Clufetos qui frappe ses peaux toujours à bon escient. Rien à ajouter : c'était parfait, sobre, efficace et on ne pouvait qu'être ému lorsque les mots "The End" sont apparus sur les écrans...

Après cela difficile de rempiler avec les deux derniers concerts de ce Hellfest 2016. Je m'aventure vers la “MS 2” en espérant que la mauvaise impression que m'avait laissée King Diamond en 2012 ne se renouvellera pas. Peine perdue, les cris de cochon qu'on égorge du Danois me font fuir une nouvelle fois et je me promets à moi même qu'il n'y aura définitivement pas de troisième essai, c'est tout bonnement insupportable !

Un petit tour à la scène Temple pour Deicide, groupe légendaire de death metal mené par Glen Benton ! Toujours aussi impressionnant mais un poil « too much » pour moi après 3 jours de musique quasi ininterrompue... Je décide donc de quitter ce Hellfest 2016 dont je sais que les images et les bons sons resteront à jamais gravés dans ma mémoire ! Vivement juin 2017 !

Merci à Fabienne et Roger Wessier...



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